Originaire de Perpignan, la mer, Sandrine Torredemer, la connaît très bien. La Méditerranée est tout près. Elle l’aime surtout en été, quand les vacanciers débarquent avec leurs parasols colorés sur les plages, quand arrive l'ambiance surchauffée de l'été, joyeuse et détendue, légère et insouciante : les grandes vacances !
L’exposition présente une série de 28 œuvres, fragments nostalgiques de l’été passé, ou plutôt promesses de cette saison solaire qu’en hiver on attend déjà.
Aucune définition ne colle au travail de Sandrine, « illustration impressionniste composée d’assemblage de tissus rehaussé de broderies » ? trop long et pourtant incomplet. Ce que crée Sandrine est unique, complètement libre et singulier.
Chaque scène comme une symphonie, se découpe en plans qui ont leur propre partition et leur propre mélodie, s'ajoutant les uns aux autres dans une parfaite harmonie. De ces petits morceaux de tissus méticuleusement glanés, découpés et assemblés, un bout d’organza pour la mer, un bout de charlotte d’hôpital pour l’écume, surgissent des scènes où s’installe la vie. Ses minuscules personnages brodés très simplement mais très précisément, s’affairent, s’interpellent, vont et viennent avec une bouillonnante vitalité qui toujours émerveille. Plus encore que les paysages, Sandrine aime les gens, ce qu’elle crée ce sont des instantanés de vie, des ambiances de plages bondées l’été, un surfeur avec sa planche jaune moutarde qui sort des flots, des couples amoureux qui s’éloignent sur la plage un peu mélancoliques…
LA FILATURE ne glane pas que les matériaux de récupération pour ses ouvrages, mais aussi des phrases, attrapées à la volée dans les cafés, les transports, les réunions de travail, qu’elle retranscrit ou détourne avec un délicieux sens de l’humour et de la parodie. Si ses personnages ne parlent pas, les phrases brodées de Sandrine aux allures de mantra, compensent largement, comme une gouaille qu’on leur prêterait volontiers.
Quelques lignes de bio : Pour créer de façon si personnelle et singulière, il faut être soi-même issu d’un long processus de maturation personnel et singulier. C’est le cas de Sandrine Torredemer. La broderie est dans l’ADN de la famille, son arrière-grand-mère brodait déjà et Sandrine brode depuis presque toujours. D’abord par bribes pendant des moments volés parce que pendant près de 30 ans son métier d’ingénieure urbaniste l’accapare, la broderie est la respiration qu’elle s’accorde le soir, le fil qui la ramène à son essentiel et qui la réconforte dans les moments difficiles. Il y a quelques années, Sandrine est devenue La Filature, elle déploie enfin l’envergure vaste de son talent.
Libérée de toute académisme, elle expérimente, cherche, invente, et créé sa propre signature. De sa formation initiale, elle a gardé le respect de la rigueur des compositions : dans ses scènes brodées, les perspectives sont exactes, les échelles sont respectées, les ombres portées aussi. C’est sans doute ce qui leur donne tant de vérité et cette exquise beauté fragile. S’y ajoutent bien sûr, la fantaisie, la poésie, l’humour, l’élégance, l’incroyable créativité de Sandrine, bref La Filature est une alchimie de vie et c’est ce qui la rend unique.
PODCAST #9 enregistré avec Sandrine Torredemer et Hélène Glowinski, ici :